ÉrotoMlash – Livret 1 & 2

25,00

Livret 1 & 2
Avant-propos de l’éditeur
Une mécanique
La voix les seins
Un souvenir
Fragments élégiaques
De dos
Un entretien post-ludique

ISBN 979-10-93019-72-7
et
ISBN 979-10-93019-75-8
Les N°61 et 62e de la collection PlisUrgents sont
imprimés à 300 exemplaires numérotés sur Vergé Corolla book et
8 ex., tirage de tête en coffret agrémenté d’une gravure taille-douce originale.

Description

Alexis Pelletier, écrivain habite et travaille à Rouen, pratique la littérature, la musicologie et l’enseignement. En poésie et théâtre, Mlash croise ses doubles Zipwé et Pluk – trois personnages à l’encontre du propos poétique ? Mais la poésie, la forme et la liberté choisie de sa contrainte ne mènent-elle pas au non-poème versifié ? *
Dans ces carnets retrouvés, Zipwé et Mlash partagent le désir et en jouent sous le regard amusé du grand absent Pluk.

Extrait : UN ENTRETIEN POST-LUDIQUE

L’éditeur — Et Zipwé, c’est qui, c’est quoi ?
L’auteur – Je ne le sais pas plus que Mlash.
L’éditeur – Tu veux dire que Mlash ne sait pas qui est Zipwé ?
L’auteur – Ce n’est pas ce que je voulais dire dans l’instant. Même si en effet, Mlash ne peut pas savoir qui est Zipwé…
L’éditeur – Alors ?
L’auteur – Ce que voulais dire, c’est que je ne sais pas plus qui est Zipwé que qui est Mlash.
L’éditeur – Tu es pourtant l’auteur.
L’auteur – C’est une curieuse notion. Très récente, en somme, dans notre Histoire commune. Et je ne sais pas très bien qui sont ce Mlash et cette Zipwé dont tu voudrais que je te parle.
L’éditeur – Mlash existe, tu l’as rencontré, faudrait-il dire…
L’auteur – Je n’ai jamais rencontré Zipwé. Et je ne sais pas bien à quoi elle ressemble. Si ce n’est que son prénom est le verlan de ce vers quoi l’écriture de Mlash, selon ses propres mots, ne tend jamais.
L’éditeur – Si bien que Zipwé est très agissante… Ma langue, avec cette dernière affirmation redoutant un nouveau lapsus qui me serait fatal. Zipwé n’est point très aguichante.
L’auteur – Aguicher est un verbe qui sent sa dose de misogynie. Un homme n’est jamais aguicheur ou aguichant… Pourquoi ?
Zipwé est parfois très masculine parce que la poésie a toujours été transgenre. Et Mlash aussi est un personnage transgenre. Pas seulement parce qu’il traverse les genre, le poème, le théâtre, la fiction voire l’essai.
L’éditeur – Tu veux dire qu’il est à la mode ?
L’auteur – Si tu m’édites, c’est que tu dois le croire aussi
L’éditeur – Sans doute. Et je médite aussi… Mais quand tu as envoyé ces deux livrets, j’ai été surpris des changements de registres et des glissements de sens. J’ai eu l’impression qu’il y avait plusieurs écrivains. Mlash et Zipwé, en somme.
L’auteur – Cette lecture n’engage que toi. Mlash et Mlash, il me semble.
L’éditeur – Comment t’appelles-tu, en somme ?
L’auteur – Mlash, il me semble.
L’éditeur – Es-tu poète ?
L’auteur – On le dit parfois.
L’éditeur – Je veux dire : es-tu fidèle à la poésie ?
L’auteur – Quelle curieuse question ?
L’éditeur – Et à Zipwé ?
L’auteur – Peut-on être infidèle à quelqu’un qu’on n’atteint jamais ?
L’éditeur – Mais si c’est toi, l’auteur ?
L’auteur – Tu peux aussi être bisexuel ou te sentir parfois un peu plus femme qu’homme, n’est-ce pas ? Cela te poserait problème… ? J’ai lu quelque part que les meilleurs poètes étaient des femmes et j’ai cru que seul un homme pouvait écrire cela. Mais le masculin, le féminin perdent un peu de sens, les directions sont souvent inversées quand tu te confrontes aux mots. Et je suis toujours saisi quand je te dis cela de la proximité entre les mots morts et mots. Mlash est un personnage transgenre.
L’éditeur – Je ne suis pas sûr de te suivre.
L’auteur – Je peux te faire une déclaration d’amour. Et je crois que je reste, en même temps fidèle à Zipwé. Même si le corps de mes mots s’unit au tien. Jouons-nous une pièce de théâtre ?
L’éditeur – Je ne m’attendais pas à cela.
L’auteur – Est-ce qu’on prévoit jamais ce qu’on va dire, quand on écrit ?
L’éditeur – ÉrotoMlash pourrait donc être un cri d’amour à Zipwé, aux mots et aux morts.
L’auteur – Et à toi aussi, dans le temps divisé.
L’éditeur – Que je sois fictif ou non. Et je m’aperçois seulement qu’entre l’auteur et l’autre, les lettres sont presque les mêmes.
L’auteur – Et moi de faire l’amour avec ce presque.

A.P/V.R